L'Hebdo - 3 avril 2023
L'Hebdo est le bulletin hebdomadaire du Service d'information sur les marchés des Producteurs de grains du Québec. Il fait le point sur les faits saillants des marchés pour la semaine.
Dernière édition : Semaine du 27 au 31 mars 2023
Date de publication : Le 3 avril 2023
Voici les intentions d’ensemencements aux États-Unis : 92 millions d’acres (Ma) de maïs (88,6 Ma en 2022), 87,5 Ma de soya (87,5 Ma en 2022) et 49,9 Ma de blé (45,75 Ma en 2022). Deux points sont à souligner, tout d’abord, la superficie du maïs est supérieure d’un (1) Ma à la prévision faite en février par l’USDA ; d’autre part, la superficie cumulée des trois principaux grains est particulièrement élevée à 229,4 Ma, comparativement à 221,8 Ma l’an passé et 227,2 Ma en 2021.
Le soya et le blé ont réagi comme attendu à ce rapport. Les contrats à terme de la fève se sont appréciés vu que la Bourse s’attendait à une superficie supérieure à 87,5 Ma. Le blé a fait du surplace, le chiffre annoncé était très proche de la prévision de l’UDA émise en février (49,5 Ma) et des attentes du marché. Cependant, il est surprenant que les contrats à terme rapprochés du maïs se soient appréciés et que les autres contrats aient terminé quasiment inchangés. En effet, 92 Ma de maïs était un chiffre élevé, donc baissier pour le marché : on se serait attendu à ce que le maïs chute à la Bourse de Chicago. La réaction boursière du maïs s’expliquant par le fait que la Bourse n’a pas cru au chiffre de 92 Ma et pensait que les semis seraient en deçà de ce niveau. Cela est peut-être dû à la tempête de neige affectant présentement les plaines du nord, alors que celles-ci ont déjà une forte couverture neigeuse. Les conditions météo défavorables pourraient réduire les superficies ensemencées dans le Nord et le Sud Dakota, ainsi qu’au Minnesota, or la production de maïs a beaucoup augmenté dans ces trois États au cours de la dernière décennie.
Les ventes hebdomadaires américaines à l’exportation sont conformes aux attentes. Elles se sont établies à 189 000 tonnes de blé, 352 000 tonnes de soya et 1,06 million de tonnes de maïs. La demande chinoise pour le maïs est toujours très présente, l’USDA a annoncé une autre vente aujourd’hui de 178 000 tonnes. Par ailleurs, les exportations hebdomadaires américaines de grains sont conformes aux attentes pour le blé et le soya, mais décevantes pour le maïs. Elles se sont établies à 392 000 tonnes de blé, 666 000 tonnes de maïs et 889 000 tonnes de soya. Depuis le début de l’année récolte, les exportations cumulées sont en avance de 3,4 % pour la fève, mais elles sont en retard de 1,3 % pour le blé et de 37,4 % pour le maïs. Le retard est impressionnant pour le maïs, mais il devrait se réduire au cours des prochaines semaines avec les récents achats massifs de la Chine.
Les importations européennes de maïs se poursuivent à toute allure totalisant près de 21 millions de tonnes (Mt) depuis le début de l’année récolte, soit une hausse de 68,7 % par rapport à l’an passé. Cette forte augmentation des achats est due à la récolte médiocre que l’Europe a eue l’année dernière. Cette situation nous est favorable puisque l’Europe est un débouché naturel pour les exportations de maïs québécois outre-mer, en raison du fret maritime qui est très compétitif à partir des ports du Saint-Laurent.
La deuxième récolte de maïs safrinha au Brésil représentant les trois quarts de la production nationale, a été semée tard en raison des précipitations qui ont retardé le battage du soya. Le rendement sera déterminé par la fin de la saison des pluies. L’an dernier, la fin des précipitations avait été hâtive, à la mi-avril, mais comme le maïs avait été semé tôt, le rendement a été bon et le Brésil a eu une production record. Cette année, le maïs part avec 2 à 3 semaines de retard et il aura besoin d’eau jusqu’au début de mai tandis que certains modèles météo prévoient une fin hâtive des pluies. Il n’y a pas lieu de s’alarmer à ce stade-ci, car les prévisions météo à long terme ont une fiabilité limitée, mais il faudra suivre de très près la progression de cette culture vu que le Brésil est devenu le deuxième exportateur mondial de maïs, talonnant les États-Unis.
On a eu la confirmation que les grains ukrainiens sont commercialisés à des prix extrêmement compétitifs. En effet, la Commission européenne vient d’approuver un programme de 126 millions d’euros pour venir en aide aux producteurs polonais de maïs et de blé se retrouvant pénalisés par l’importation massive de grains ukrainiens à des prix défiant toute concurrence. Cet afflux a déstabilisé le marché des grains en Pologne.
Cargill a indiqué que la compagnie mettra fin aux exportations de grains à partir de ses élévateurs en Russie en date du 1er juillet 2023. Viterra, une autre multinationale des grains, devrait lui emboîter le pas. Les compagnies de grains occidentales avaient déjà fortement réduit leurs activités en Russie après l’invasion de l’Ukraine. Cela dit, ces retraits n’affecteront pas la capacité d’exportation de la Russie qui demeure le premier exportateur mondial de blé.
Les exportations de grains de l’Ukraine ont dépassé le seuil des 5 Mt en mars, soit un niveau quasiment similaire à celui d’avant-guerre, grâce aux corridors maritimes fonctionnant au maximum de leurs capacités.
L’Argentine, le premier exportateur mondial de tourteau de soya, va devoir importer de la fève de ses voisins, principalement du Brésil et du Paraguay. La récolte argentine a été décimée par la sécheresse. Les analystes pensent que les importations de soya de l’Argentine pourraient atteindre jusqu’à 10 Mt pour subvenir aux besoins des usines de trituration.
Les bases du maïs ont commencé la semaine à 1,95 $ CA/bu pour livraison immédiate et 1,99 $ CA/bu à la récolte, terminant la semaine respectivement à 1,74 $ CA/bu et 1,37 $ CA/bu. Les bases du soya ont débuté le lundi à 5,37 $ CA/bu pour livraison immédiate et 4,23 $ CA/bu à la récolte, et elles ont fini respectivement à 5,37 $ CA/bu et 4,64 $ CA/bu.
Évolution des contrats à terme du maïs et du soya à la Bourse de Chicago (source Reuters)
Source: Reuters