Tendances des prix du maïs et du soya au Québec - Mai 2023
Tendances des prix du maïs et du soya au Québec
(24 mai 2023)
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Bourse | 26 avril 2023 |
23 mai 2023 |
Variation ($) | Variation (%) |
Contrat maïs juillet 2023 ($ US/bu) | 6,0100 | 5,7750 | -0,2350 | -3,9 |
Contrat soya juillet 2023 ($ US/bu) | 14,1475 | 13,2250 | -0,9225 | -6,5 |
Prix du soya/Prix du maïs | 2,35 | 2,29 | ||
Contrat maïs décembre 2023 ($ US/bu) | 5,4350 | 5,1675 | -0,2675 | -4,9 |
Contrat soya novembre 2023 ($ US/bu) | 12,6675 | 11,8775 | -0,7900 | -6,2 |
Prix du soya/Prix du maïs | 2,33 | 2,30 | ||
Taux de change ($ US / $ CA) | 0,7335 | 0,7411 | 0,0076 | 1,0 |
Marché local (FAB ferme) |
Semaine du 13 mars 2023 |
Semaine 17 avril 2023 |
Semaine du 15 mai 2023 |
Maïs - livraison immédiate |
|||
Base $ CA/bu |
2,09 | 1,15 | 0,91 |
Base $ US/bu |
-0,17 | -0,85 | -0,78 |
Prix $ CA/t |
328 | 310 | 260 |
Soya - livraison récolte 2023 |
|||
Base $ CA/bu | 4,63 | 4,21 | 3,69 |
Base $ US/bu | -0,22 | -0,22 | -0,34 |
Prix $ CA/t | 660 | 633 | 573 |
FACTEUR HAUSSIER
Les récoltes argentines de maïs et de soya ont été décimées par la sécheresse, cela est confirmé par le battage qui est en cours. L’Argentine prévoit maintenant produire 37 millions de tonnes (Mt) de maïs, comparativement à 49,5 Mt en 2022, et 27 Mt de soya, contre 44 Mt l’an passé. Il faut souligner que les estimations de l’USDA sont plus optimistes que celles d’autres analystes. L’Argentine est le troisième exportateur international de maïs, et le plus grand exportateur mondial de tourteau de soya (le pays exporte peu de fèves en raison des tarifs douaniers).
Les prévisions d’exportations de grains de l’Ukraine devraient chuter en 2023-2024 en raison de la baisse de la production et de la diminution des inventaires. L’Ukraine prévoit exporter 16,5 Mt de maïs (vs 25,5 Mt en 2022-2023) et 10 Mt de blé (vs 15 Mt).
FACTEURS BAISSIERS
L’USDA prévoit des productions records de maïs et de soya aux États-Unis. Les récoltes devraient atteindre 16,7 milliards de boisseaux (Gbu) de maïs, en hausse de 10,3 % par rapport à l’an passé, et 4,5 Gbu de soya, en hausse de 5,5 %. Les inventaires sont prévus d’augmenter d’environ 56 % pour les deux grains.
Le premier scénario de l’USDA des offres et demandes de grains pour 2023-2024 est carrément baissier pour les trois principaux grains. Les prix moyens aux producteurs prévoient baisser à 4,80 $/bu pour le maïs (vs 6,60 $/bu en 2022-2023), 12,10 $/bu pour le soya (vs 14,20 $/bu) et 8,00 $/bu pour le blé — tous blés confondus (vs 8,85 $/bu). Les baisses des prix moyens annuels sont de 27,3 % pour le maïs, de 14,8 % pour la fève et de 9,6 % pour le blé.
Malgré les retards d’inspection et les menaces russes, l’accord sur les corridors maritimes ukrainiens a été renouvelé pour deux mois. L’Ukraine continue donc d’exporter des volumes de grains très substantiels à des prix défiant toute concurrence. En ajoutant les exportations par voie terrestre, fluviale et ferroviaire, les ventes de grains de l’Ukraine sont quasiment revenues au niveau normal d’avant-guerre. En fait, les ventes ont tellement repris que plusieurs pays d’Europe centrale ont institué un embargo sur les importations de grains de l’Ukraine pour essayer d’endiguer l’effondrement des prix locaux des grains.
La prime au risque créée par la guerre en Ukraine a complètement disparu à la Bourse de Chicago avec la chute des contrats à terme.
Depuis le début de l’année récolte, les ventes cumulées du maïs américain accusent un très grand retard par rapport à l’an passé : à la mi-mai, le retard était de 35 %. Cela s’explique par la forte concurrence du maïs brésilien (et du maïs ukrainien), et par une demande chinoise en baisse. Par ailleurs, le faible tirant d’eau du Mississippi a freiné les exportations du maïs au profit du soya l’automne passé. Depuis la mi-mars, la Chine a annulé plusieurs achats de maïs américain, très probablement au profit du maïs brésilien moins cher.
Contrairement à l’Argentine, la saison du soya a été excellente au Brésil, à l’exception de l’extrême sud-est du pays qui a manqué d’eau. La récolte est estimée à un niveau record de 155 Mt, en hausse de 24,5 Mt par rapport à l’année précédente. Pour ce qui est du maïs, une production record est quasiment assurée à ce stade-ci, à moins d’un gel de dernière minute. Le Brésil, qui est prévu produire 130 Mt de maïs, est déjà très présent sur le marché mondial. Les exportations débuteront à grande échelle à partir du mois de juillet.
La nouvelle convention de mise en marché des porcs prévoit que le Québec va produire 1,1 million de porcs en moins. Cela va se traduire par une baisse de la demande annuelle de maïs évaluée entre 200 000 et 300 000 tonnes. La consommation locale du maïs totalisait habituellement autour de 2,9 millions de tonnes par an. On pourrait donc voir cette demande se réduire de 7 % à 10 % en 2023-2024.
Les bases locales du maïs se sont effondrées en raison de la crise porcine au Québec. La dégringolade affecte aussi bien les bases en dollars canadien et américain.
Selon Statistique Canada, les superficies ensemencées au Québec en 2023 augmenteront de 3 % pour le maïs, tandis qu’elles diminueront de 5 % pour le soya. Avec une superficie de 372 400 hectares (ha) de maïs, si l’on prend un rendement moyen de 9,6 t/ha, cela nous donne une production de 3,6 Mt. Or la demande locale de maïs va baisser en 2023-2024 à cause de la crise de l’industrie porcine. Si l’on estime cette demande à 2,65 Mt l’an prochain, cela veut dire qu’on aurait un surplus considérable de maïs autour de 950 000 tonnes l’an prochain. Si les exportations n’augmentent pas en conséquence, les inventaires vont grimper.
À SUIVRE
Les semis du maïs et du soya ont été particulièrement rapides cette année dans le Midwest grâce à une météo favorable, mais il ne faudrait pas sauter aux conclusions : il n’y a pas une bonne corrélation entre la date des semis et le rendement final. En d’autres mots, même si c’est bien parti pour les producteurs américains, on ne peut pas miser sur de très bons rendements à ce stade-ci.
Le marché se base sur les intentions d’ensemencements publiées par l’USDA et Statistique Canada. Il faudra voir à la fin juin quelles seront les superficies effectivement ensemencées.
Il faudra suivre de près notre taux de change. Le huard, qui avait chuté en 2022, s’est depuis stabilisé. Le taux de change a un impact majeur sur les bases locales.
SCÉNARIO DES PRIX : Baissier
Notre scénario des prix est inchangé pour le maïs et il s’est dégradé pour le soya : il est maintenant baissier pour les deux grains. Le portrait est présentement négatif, aussi bien pour la Bourse de Chicago que pour les bases locales.
L’USDA prévoit des productions records de maïs et de soya aux États-Unis, accompagnées de fortes hausses des stocks des deux grains. Les prix projetés pour 2023-2024 sont en forte baisse. Par ailleurs, la progression des semis dans le Midwest est très rapide. Même si des ensemencements hâtifs ne débouchent pas nécessairement sur de très bons rendements, il faut admettre que c’est bien parti.
À l’international, le Brésil a eu une récolte record de soya et il est en voie d’avoir une production record de maïs. Avec sa capacité logistique phénoménale, le Brésil est devenu depuis quelques années le premier exportateur mondial de soya, loin devant les États-Unis. Cette année, le Brésil est en voie de devenir le premier exportateur mondial de maïs, plus ou moins à égalité avec les États-Unis ! On a assisté récemment à une série d’annulations d’achats de maïs de la part des Chinois, très probablement au profit du maïs brésilien.
On a pourtant deux facteurs haussiers qui, pour le moment, ne semblent pas contrebalancer le portrait baissier international. L’Argentine a eu de mauvaises récoltes, surtout en ce qui concerne le soya. Ce pays étant le premier exportateur mondial de tourteau de soya a commencé à importer de la fève brésilienne pour faire tourner ses usines de trituration. Malgré cela, les exportations de tourteau de soya argentin vont chuter. D’autre part, il faut reconsidérer l’Ukraine pour qui les exportations de grains sont revenues à un niveau proche de la normale grâce à l’accord sur les corridors maritimes qui a été constamment renouvelé. Cela dit, même si les trois ports demeurent opérationnels et que la guerre reste au statu quo, les exportations de grains de l’Ukraine devraient chuter en 2023-2024 en raison d’une baisse de la production et d’une réduction des inventaires.
Dans le marché local, la débâcle de notre industrie du porc est en train de réduire la demande de maïs de 200 000 à 300 000 tonnes par année. Certes les écoulements du maïs vont bon train et on devrait finir l’année avec des inventaires raisonnables en 2023. Mais si les producteurs confirment les intentions d’ensemencement, on se retrouverait avec un surplus proche de 1 Mt, et ce avec un rendement normal.
En fin de compte, comme à l’accoutumée, c’est la météo qui aura le dernier mot. Les perspectives des récoltes aux États-Unis (et dans d’autres pays exportateurs clés) mettront la table pour 2023-2024.
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