Producteurs de grains du Québec : PGQ

Vidéo enregistrée par nos professionnels résumant les tendances des prix du maïs et du soya au Québec. Source : Chaîne YOUTUBE des Producteurs de grains du Québec.

Tendances des prix du maïs et du soya au Québec - Juillet 2024

Les informations publiées proviennent de sources réputées fiables. L’analyse est basée sur les informations disponibles et elle doit être utilisée à titre indicatif seulement. Les Producteurs de grains du Québec ne peuvent être tenus responsables d’éventuelles erreurs. Les opinions émises n'engagent pas la responsabilité des Producteurs de grains du Québec quant aux décisions des lecteurs.

 

► 23 juillet 2024

Bourse

13 juin 2024

22 juillet 2024

Variation ($)
Variation (%)
Contrat maïs septembre 2024 ($ US/bu) 4,6350 4,0025 -0,6325 -13,6
Contrat soya août 2024 ($ US/bu) 11,7825 11,1775 -0,6050 -5,1
Prix du soya/Prix du maïs 2,54 2,79    
Contrat maïs décembre 2024 ($ US/bu) 4,7600 4,1500 -0,6100 -12,8
Contrat soya novembre 2024 ($ US/bu) 11,6025 11,6875 -0,9150 -7,9
Prix du soya/Prix du maïs 2,44 2,58    
Taux de change ($ US / $ CA) 0,7278 0,7283 0,0005 0,1

 

Marché local (FAB Ferme)

Semaine du 13 mai 2024

Semaine du 10 juin 2024

Semaine du 15 juillet 2024

Maïs - livraison immédiate      
Base $ CA/bu 1,44 1,65 1,57
Base $ US/bu -0,18 -0,02 0,09
Prix $ CA/t 241 243 217
Maïs - livraison récolte      
Base $ CA/bu 1,60 1,64 ND
Base $ US/bu -0,15 -0,07 ND
Prix $ CA/t 257 249 ND
Soya - livraison récolte      
Base $ CA/bu 3,48 3,42 2,90
Base $ US/bu -0,66 -0,67 -0,68
Prix $ CA/t 572 552 489

Analyses

La Russie, le premier exportateur mondial de blé, a une récolte réduite de blé d’automne en raison des problèmes météo (gelées en mai, assèchement du sud du pays). L’USDA estime la production totale à 83 millions de tonnes (Mt) vs 91,5 Mt l’an passé. Les exportations de blé russe sont projetées atteindre 48 Mt, soit 7,5 Mt de moins qu’en 2023-2024. Cela pourrait déplacer une partie de la demande pour le blé fourrager vers d’autres grains, tel le maïs.

La nouvelle qui mène le marché est la météo du Midwest qui demeure largement favorable. La carte du US Drought Monitor du 18 juillet est révélatrice. Aucune région du Midwest ne souffre d’un déficit hydrique majeur, une situation assez inhabituelle. Si la météo demeure favorable, les rendements du maïs, du soya et du blé de printemps seront excellents, voire records.

L’USDA a surpris le marché avec une superficie ensemencée de 91,5 millions d’acres (Ma) de maïs vs l’estimation initiale de 90 Ma. Avec un rendement estimé à 181 bu/acre, la production est prévue atteindre un niveau quasi record de 15,1 milliards de boisseaux.

Dans son rapport de juillet, l’USDA est encore plus baissier pour 2024-2025. Les prévisions des prix sont réduites de 0,10 $/bu pour le maïs et le soya, et de 0,80 $/bu pour le blé (tous blés confondus).

Le rythme des ventes de soya américain pour 2024-205 est très lent, la Chine priorisant les achats du Brésil. En date du 11 juillet, les achats chinois totalisaient seulement 200 000 tonnes. Certes on peut rajouter la vente faite le 18 juillet pour 510 000 tonnes pour une destination inconnue. Mais même si on se prête à cet exercice, les ventes de soya américain à la Chine totalisent au plus 1 Mt, soit environ moitié moins que le rythme des ventes à la même date en 2023.

Au Brésil, le battage de la deuxième récolte de maïs safrinha, qui représente les trois-quarts de la production nationale et se destine principalement à l’exportation, est très rapide cette année. Le maïs brésilien déferle déjà sur le marché mondial avec des exportations estimées à 4,5 Mt en juillet.

L’incertitude politique prédomine aux États-Unis, avec l’attentat contre M. Trump et le retrait de M. Biden de la course présidentielle. Cela dit, quelle que soit l’issue de la campagne présidentielle, il est fort probable que la guerre économique se poursuivra entre les États-Unis et la Chine. M. Biden a augmenté les tarifs douaniers sur une multitude d'importations chinoises; la Chine va répliquer. La demande chinoise de grains est record pour le soya et elle est très bonne pour le maïs, mais c’est une demande influencée par la géopolitique. La Chine fera tout son possible pour privilégier les autres exportateurs au détriment des États-Unis.

Le rendement du maïs en Ukraine pourrait chuter de 30 % à 35 % cette année en raison des conditions sèches. Cela dit, les statistiques provenant de ce pays en guerre ne sont pas toujours fiables. À suivre…

Au cours des derniers mois, le canal de Panama avait dû réduire sa capacité de navigation en raison du manque de précipitations l’an passé. Cette année, la saison des pluies est normale et les restrictions sont en voie d’être levées. La navigation devrait revenir à la normale prochainement, ce qui facilitera la logistique des grains en vrac et en conteneurs.

Le président brésilien Lula a surpris le marché en juin en instaurant une mesure fiscale temporaire, valide pour 120 jours, ciblant les exportateurs de soya, les triturateurs et l’industrie des biocarburants. En réaction à celle-ci, les négociants ont augmenté les prix de la fève brésilienne sur le marché international. Par conséquent le soya américain est redevenu plus compétitif vis-à-vis de la fève brésilienne. Cela dit, l’impact de cette mesure fiscale a depuis été largement contrecarré par une baisse du réal brésilien vis-à-vis du dollar.

Selon certains analystes, pour la première fois en 17 ans, la superficie du soya n’augmenterait pas significativement au Brésil en 2024-2025. La baisse des prix et la hausse du coût de production réduisent la profitabilité de cette culture. D’autres analystes, tel Safras et Mercado, prévoient une augmentation restreinte de la superficie, de l’ordre de 2 %.

La grève perdure depuis le 26 mai à l’usine de trituration de canola et de soya de Viterra à Bécancour. Ce conflit a des répercussions sur les producteurs ayant du soya OGM de l’ancienne récolte invendu. En effet, les opportunités de marché pour des ventes immédiates de soya se font rares présentement. D’autres producteurs, ayant des contrats en bonne et due forme, peinent à livrer.

L’Ontario a reçu des pluies excessives. Une bonne partie du blé d’automne dans le sud-ouest avait été récolté avant les dernières précipitations. Par contre, pour le centre et l’est de l’Ontario, la qualité sera très probablement affectée. On peut s’attendre à une baisse de l’indice de chute, des problèmes de moisissures etc. Le blé d’automne représente la très grande majorité du blé produit en Ontario.

Neutre à baissier 

Une fois de plus, notre scénario des prix est inchangé : il demeure neutre à baissier. La Bourse a chuté au cours des dernières semaines. Le Midwest bénéficie d’une météo largement favorable depuis le début de la saison. À moins d’un revirement spectaculaire, les États-Unis vont avoir d’excellents rendements du maïs et du soya.

À un moment donné, la Bourse de Chicago va frapper un plancher. La question est quand et à quel niveau? Cela dit, même lorsque le plancher sera atteint, un rebond est loin d’être garanti : les contrats à terme pourraient très bien demeurer à ce niveau plancher pour un moment.

À l’exception de la baisse de la production de blé en Russie, il n’y a présentement pas de facteurs haussiers dans le marché mondial des grains qui est devenu complètement indifférent à la guerre en Ukraine. La prime au risque a disparu à la Bourse de Chicago alors que l’Ukraine exporte de 3 à 5 Mt de grains par mois, comparativement à 6 Mt avant-guerre.

Certes, la production brésilienne de maïs et de soya a baissé par rapport à l’année précédente mais elle demeure très abondante. Le Brésil mène le marché mondial de la fève et le pays est maintenant bien établi comme le deuxième exportateur mondial de maïs.

Au Québec, la superficie du maïs baisse de 2 % : avec un rendement normal de 9,6 t/ha, la production serait très légèrement supérieure à celle de l’an passé. La condition du maïs est présentement excellente compte tenu du surplus hydrique. Si la tendance se maintient, un rendement provincial de 10 t/ha est très possible : la production augmenterait de 200 000 tonnes par rapport à 2023. Dans un tel scénario, les bases du maïs seraient à risque alors que la demande demeure au ralenti.

Notre recommandation est inchangée : dans un contexte baissier, les producteurs sont toujours avisés de suivre le marché de très près et de profiter d’éventuels rebonds boursiers pour fermer des prix.