Producteurs de grains du Québec : PGQ

Vidéo enregistrée par nos professionnels résumant les tendances des prix du maïs et du soya au Québec. Source : Chaîne YOUTUBE des Producteurs de grains du Québec.

Tendances des prix du maïs et du soya au Québec - Août 2024

Les informations publiées proviennent de sources réputées fiables. L’analyse est basée sur les informations disponibles et elle doit être utilisée à titre indicatif seulement. Les Producteurs de grains du Québec ne peuvent être tenus responsables d’éventuelles erreurs. Les opinions émises n'engagent pas la responsabilité des Producteurs de grains du Québec quant aux décisions des lecteurs.

 

► 20 août 2024

Bourse

12 juillet 2024

19 août 2024

Variation ($)
Variation (%)
Contrat maïs septembre 2024 ($ US/bu) 4,0025 3,7800 -0,2225 -5,6
Contrat soya septembre 2024 ($ US/bu) 10,6475 9,5625 -1,085 -10,2
Prix du soya/Prix du maïs 2,66 2,53    
Contrat maïs décembre 2024 ($ US/bu) 4,1500 4,0025 -0,1475 -3,6
Contrat soya novembre 2024 ($ US/bu) 10,6875 9,7600 -0,9275 -8,7
Prix du soya/Prix du maïs 2,58 2,44    
Taux de change ($ US / $ CA) 0,7283 0,7341 0,0058 0,8

 

Marché local (FAB Ferme)

Semaine du 10 juin 2024

Semaine du 15 juillet 2024

Semaine du 12 août 2024

Maïs - livraison immédiate      
Base $ CA/bu 1,65 1,56 1,86
Base $ US/bu -0,02 0,08 0,33
Prix $ CA/t 243 217 223
Soya - livraison immédiate      
Base $ CA/bu 3,70 3,12 3,56
Base $ US/bu -0,51 -0,63 0,04
Prix $ CA/t 571 513 479

Analyses

La Russie, le premier exportateur mondial de blé, a une récolte réduite de blé d’automne en raison des problèmes météo (gelées en mai, assèchement du sud du pays). L’USDA estime la production totale à 83 millions de tonnes (Mt) vs 91,5 Mt l’an passé. Les exportations de blé russe sont projetées atteindre 48 Mt, soit 7,5 Mt de moins qu’en 2023-2024. Cela pourrait déplacer une partie de la demande pour le blé fourrager vers d’autres grains, tel le maïs.

L’USDA a augmenté l’estimation des importations chinoises de soya de 108 millions de tonnes (Mt) à un niveau record de 111,5 Mt en 2023-2024. Les importations sont projetées s’établir à 109 Mt en 2024-2025.

La nouvelle qui mène le marché est la météo du Midwest qui est demeurée largement favorable depuis le début de la saison. Le dernier rapport hebdomadaire sur l’état des cultures indique que 67 % du maïs et 68 % du soya sont en bonne ou excellente condition.

Le rapport mensuel de l’USDA est baissier pour le soya. La superficie ensemencée du soya augmente de 86,1 millions d’acres (Ma) à 87,1 Ma. Le rendement s’accroit de 52 boisseaux/acre (bu/ac) à un niveau record de 53,2 bu/ac. La production augmente de 154 millions de boisseaux (Mbu), atteignant un niveau record de 4 589 Mbu, soit une hausse de 10,2 % par rapport à l’an passé. Les stocks augmentent de 125 Mbu en 2025 pour s’établir à 560 Mbu, comparativement à 345 Mbu en 2024. Le prix moyen aux producteurs baisse de 0,30 $/bu pour s’établir à 10,80 $/bu, comparativement à 12,50 $/bu en 2023-2024.

Les stocks mondiaux de soya sont prévus atteindre 134 Mt en 2025, comparativement à 112 Mt en 2024, 101 Mt en 2023 et 93 Mt en 2022!

Même si le rapport de l’USDA est plutôt neutre pour le maïs en raison d’une légère baisse des stocks, un élément baissier est à noter. L’USDA réduit la superficie ensemencée de 91,5 Ma à 90,7 Ma mais accroit le rendement de 181 bu/ac à un niveau record de 183,1 bu/ac. La production augmente donc de 47 Mbu pour s’établir à 15 147 Mbu. C’est une baisse de 1,3 % par rapport à l’an passé, mais c’est tout de même le troisième niveau de production le plus élevé jamais atteint.

Les exportations de grains de l’Ukraine ont débuté l’année récolte à toute vitesse, et ce malgré les bombardements de la Russie et les rapports indiquant une baisse de la production de grains en Ukraine. Depuis le 1er juillet, les exportations ont totalisé 5,8 Mt, comparativement à 3,6 Mt l’an passé à pareille date. Ce tonnage inclut 2,8 Mt de blé, 2,1 Mt de maïs et 900 000 tonnes d’orge. Deux choses sont claires. D’une part, la Russie n’est plus en mesure de ralentir la cadence des exportations ukrainiennes par des opérations militaires. D’autre part, les Ukrainiens ont absolument besoin d’exporter leurs grains pour avoir des devises : ils vont maintenir la cadence, et ce même si leur production baisse (la consommation locale a nettement diminué). Et ces grains sont vendus à des prix défiant toute concurrence en raison de la guerre.

La grève perdure depuis le 26 mai à l’usine de trituration de canola et de soya à Bécancour. Ce conflit a des répercussions sur les producteurs ayant du soya OGM de l’ancienne récolte invendu. En effet, les opportunités de marché pour des ventes immédiates de soya se font rares présentement. D’autres producteurs, ayant des contrats en bonne et due forme, peinent à livrer. Par conséquent, le tonnage de soya de l’ancienne récolte qui aurait dû aller à Bécancour est en train de s’accumuler : à moins d’une résolution de ce conflit de travail avant la fin du mois, ce volume de soya de l’ancienne récolte exercera une certaine pression négative sur les bases locales au moment du battage.

Le rythme des ventes du maïs au Québec est demeuré lent tout au long de l’année récolte en cours. Par conséquent, les stocks de report seront plus importants cet automne, et exerceront une pression baissière sur les bases.

Un élément d’information crucial nous sera fourni par Statistique Canada le 28 août avec les premières estimations des rendements. Compte tenu de la pluviométrie abondante, on pourrait s’attendre à des rendements élevés au Québec pour le soya, et surtout le maïs. Celui du maïs est le plus important, vu que la majorité du grain est consommé localement. Si le rendement estimé est de 10 t/ha ou plus, on aura un surplus appréciable (le record est de 10,4 t/ha en 2016). Quant au soya, c’est un grain destiné en grande partie à l’exportation : le marché mondial absorbera sans difficulté tout notre tonnage… en autant que notre prix soit compétitif, bien évidemment.

L’incertitude politique prédomine aux États-Unis, avec l’attentat contre M. Trump, le retrait de M. Biden de la course présidentielle et son remplacement par Mme Harris. Cela dit, quelle que soit l’issue de la campagne présidentielle, il est fort probable que la guerre économique se poursuivra entre les États-Unis et la Chine. M. Biden a augmenté les tarifs douaniers sur une multitude d'importations chinoises; la Chine est en voie de répliquer. La demande chinoise de grains est record pour le soya et elle est très bonne pour le maïs, mais c’est une demande influencée par la géopolitique. La Chine fera tout son possible pour privilégier les autres exportateurs au détriment des États-Unis.

Le président brésilien Lula a surpris le marché en juin en instaurant une mesure fiscale temporaire, valide pour 120 jours, ciblant les exportateurs de soya, les triturateurs et l’industrie des biocarburants. En réaction à celle-ci, les négociants ont augmenté les prix de la fève brésilienne sur le marché international. Par conséquent le soya américain est redevenu plus compétitif vis-à-vis de la fève brésilienne. Cela dit, l’impact de cette mesure fiscale a depuis été largement contrecarré par une baisse du réal brésilien vis-à-vis du dollar.

Le rythme de commercialisation des grains est assez lent au Brésil. Les producteurs sont plus réticents à vendre alors que les prix du soya et du maïs chutent.

Neutre à baissier 

Une fois de plus, notre scénario des prix est inchangé : il demeure neutre à baissier. Le soya a fortement chuté à la Bourse de Chicago depuis la publication d’un rapport mensuel de l’USDA particulièrement baissier pour la fève : la superficie ensemencée du soya augmente de 1 million d’acres aux États-Unis, le rendement et la production sont prévus atteindre des niveaux records, les stocks augmentent fortement aux États-Unis et au niveau mondial.

Le Midwest a bénéficié d’une météo largement favorable depuis le début de la saison : l’USDA prévoit une production record de soya et une excellente récolte de maïs. D’ailleurs, rendu à ce stade-ci, le rendement du maïs américain est quasiment assuré.

À un moment donné, la Bourse de Chicago va frapper un plancher. La question est quand et à quel niveau? Cela dit, même lorsque le plancher sera atteint, un rebond est loin d’être garanti : les contrats à terme pourraient très bien demeurer à ce niveau plancher pour un moment.

Le rythme de la commercialisation du maïs a été lent au Québec tout au long de l’année. Les stocks vont probablement être plus importants qu’à l’accoutumée cet automne. Par ailleurs, la pluviométrie abondante indique la possibilité d’un très bon rendement cette année, alors que la demande demeure au ralenti. Dans un tel scénario, les bases du maïs seraient à risque.

Notre recommandation est inchangée : dans un contexte baissier, les producteurs sont toujours avisés de suivre le marché de très près et de profiter d’éventuels rebonds boursiers pour fermer des prix.