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Tendances des prix du maïs et du soya au Québec - Août 2025
Les informations publiées proviennent de sources réputées fiables. L’analyse est basée sur les informations disponibles et elle doit être utilisée à titre indicatif seulement. Les Producteurs de grains du Québec ne peuvent être tenus responsables d’éventuelles erreurs. Les opinions émises n'engagent pas la responsabilité des Producteurs de grains du Québec quant aux décisions des lecteurs.
► 22 août 2025
Bourse | 20 juin 2025 | 21 août 2025 | Variation ($) | Variation (%) |
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Contrat maïs septembre 2025 ($ US/bu) | 4,2550 | 3,8725 | -0,3825 | -9,0 |
Contrat soya septembre 2025 ($ US/bu) | 10,5400 | 10,3450 | -0,1950 | -1,9 |
Prix du soya/Prix du maïs | 2,48 | 2,67 | ||
Contrat maïs déc. 2025 ($ US/bu) | 4,4125 | 4,1175 | -0,2950 | -6,7 |
Contrat soya nov. 2025 ($ US/bu) | 10,6075 | 10,5600 | -0,0475 | -0,4 |
Prix du soya/Prix du maïs | 2,40 | 2,56 | ||
Taux de change ($ US / $ CA) | 0,7316 | 0,7204 | -0,0112 | -1,5 |
Marché local (FAB Ferme) | Semaine du 16 juin 2025 | Semaine du 18 août 2025 |
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Maïs - livraison immédiate | ||
Base $ CA/bu | 2,95 | 3,25 |
Base $ US/bu | 1,01 | 1,29 |
Prix $ CA/t | 286 | 278 |
Soya - livraison récolte | ||
Base $ CA/bu | 3,03 | 3,29 |
Base $ US/bu | -0,62 | -0,50 |
Prix $ CA/t | 504 | 503 |
Analyses
Le programme d’exportation américain demeure très robuste. Les ventes de l’année récolte en cours par rapport à la précédente sont en avance de 11,5 % pour le soya, de 23,4 % pour le blé et de 26 % pour le maïs. Il ne reste plus que deux à trois semaines pour l’année récolte 2024-2025 pour le maïs et le soya aux États-Unis. Les ventes de maïs pour 2025-2026 ont très bien démarré.
Le rapport de l’USDA d’août est haussier pour le soya. Certes un rendement record de 53,6 bu/acre est prévu aux États-Unis mais comme la superficie ensemencée chute à un très bas niveau de 80,9 millions d’acres (Ma), la production est prévue diminuer de 43 millions de boisseaux (Mbu) pour s’établir à 4 292 Mbu, soit une baisse de 1,7 % par rapport à l’an passé. Les stocks sont projetés chuter à 290 Mbu en 2026 vs 330 Mbu en 2025.
La météo du Midwest a été globalement favorable depuis le début de la saison : il n’y a aucun déficit hydrique majeur dans les régions clés, une situation très inhabituelle. Cela explique la décision de l’USDA d’augmenter significativement les rendements du maïs et du soya.
Le rapport de l’USDA d’août est carrément baissier pour le maïs. Un rendement record de 188,8 bu/a est prévu aux États-Unis et la superficie ensemencée grimpe à un très haut niveau de 97,3 Ma. La production estimée augmente de plus d’un milliard de boisseaux pour s’établir à un niveau record de 16 742 Mbu, soit en hausse de 12,6 % par rapport à l’an passé. Les stocks sont prévus atteindre 2 117 Mbu en 2026 vs 1 305 Mbu en 2025.
Les ventes hebdomadaires américaines à l’exportation pour 2025-2026 accusent un retard important en ce qui concerne le soya en raison de l’absence de la Chine sur le marché américain. Beijing est dans un bras de fer commercial avec Washington et les importateurs chinois s’approvisionnent au Brésil.
L’USDA n’a pas modifié sa prévision de la production brésilienne de maïs qui est de 132 millions de tonnes (Mt), un quasi record. Mais l’agence gouvernementale du Brésil CONAB a augmenté son estimation à 136 Mt, égalant l’ancien record du pays.
Au Québec, la météo a été particulièrement défavorable depuis le début de la saison. La première moitié du mois de mai a été marquée par des températures froides, tandis que la deuxième moitié a été caractérisée par plusieurs épisodes pluvieux. Par conséquent, les ensemencements ont eu lieu dans des conditions difficiles et ont été fortement retardés. Le mois de juin a été normal, puis les précipitations ont chuté à partir de la mi-juillet. En fait, la majorité du territoire agricole souffre de sécheresse depuis plusieurs semaines. À ce stade des récoltes, le rendement du maïs est fait mais le soya bénéficierait encore de précipitations si celles-ci se matérialisaient dans les tout prochains jours. C’est sûr que des dommages irréversibles ont été subis par les cultures mais on ne peut les quantifier à ce stade-ci.
Dans son rapport du 30 juin, Statistique Canada prévoit une forte augmentation de la superficie du soya au Québec, qui passe de 419 300 hectares (ha) en 2024 à un niveau record de 437 700 ha, alors que celle du maïs baisse de 10 000 ha pour s’établir à 345 800 ha. Le problème est que ces superficies ont été basées sur l’enquête menée par Statistique Canada durant la première semaine de juin, alors que les semis étaient loin d’être achevés pour de nombreux producteurs. Les chiffres sont donc discutables. Certes, Statistique Canada pourrait ajuster ses estimations par la suite, mais il y a peu de chances que l’agence le fasse : le Québec n’est pas leur priorité en ce qui concerne les grains.
Le centre et l’est de l’Ontario ont été impactés aussi par la sécheresse. Tout comme au Québec, l’étendue des dommages ne peut être quantifiée à ce stade-ci.
Présentement, les échanges de grains entre le Canada et les États-Unis ne sont pas soumis à un tarif douanier. La saga des tarifs douaniers, avec ses multiples rebondissements, inquiète les marchés. Pourtant, les contrats à terme des grains ont relativement peu fluctué : jusqu’à présent du moins, le marché des grains en général, et la Bourse de Chicago en particulier, a fait fi de la guerre tarifaire en cours.
Maïs: Neutre puis baissier
Soya: Haussier
Notre scénario des prix a changé : il est neutre puis baissier pour le maïs, alors qu’il devient haussier pour le soya.
Dans son rapport du 12 août, l’USDA a surpris le marché en abaissant considérablement la superficie ensemencée du soya au profit du maïs. Pour ce qui est des rendements, le marché s’attendait à des hausses mais ne pensait pas que l’USDA irait aussi haut que cela pour le rendement du maïs.
Au Québec, les bases courantes du maïs sont extrêmement élevées - la base spot est autour de 1,30 $ US. Cela reflète, d’une part, une offre plus restreinte. Les producteurs, qui ont eu des semis difficiles suivis de la sécheresse, ont ralenti la commercialisation de leur grain. D’autre part, le niveau des bases est le reflet aussi d’un programme d’exportation vigoureux au printemps et en été. Certains meuniers et commerçants manquent de couverture : le marché se transige donc sur un prix «flat» et non sur une base pour atteindre les objectifs de prix des producteurs. On a vu des ventes aussi élevées que 295 $/tonne.
Cette situation ne pourra pas durer. D’une part on commence à se rapprocher de la nouvelle récolte. Certes, certains producteurs pourraient tabler sur une production locale réduite cette année en raison de la sécheresse. Cependant, avec une production américaine record quasiment assurée, le maïs de notre voisin au sud est extrêmement compétitif, pour ne pas dire «cheap». Malgré l’incertitude reliée aux tarifs douaniers, les acheteurs québécois vont en rentrer, ce qui viendra calmer le marché local. Les bases baisseront mais demeureront tout de même assez fermes en raison d’une production locale qui, malheureusement, s’annonce médiocre. Quel sera le prix plancher en 2025-2026? On pourrait se rapprocher de 200 $/tonne FAB ferme à la récolte mais si le rendement est vraiment médiocre et que notre production est proche de 3 Mt, les prix remonteront probablement autour de 240-260 $/tonne une fois la pression de la récolte passée.
Pour le soya, qui est principalement un grain d’exportation, 2025-2026 s’annonce de manière plus positive. La forte baisse de la superficie américaine nous mène vers une production en baisse aux États-Unis. Certes, la Chine n’a pas débuté ses achats de soya américain mais il ne fait aucun doute que ceux-ci reprendront massivement dès qu’il y aura un déblocage commercial avec Washington. Pour la fève OGM, 500 $/tonne FAB ferme sera probablement un prix plancher au Québec en 2025-2026. Lorsque la Chine reviendra dans le marché américain, notre prix pourrait facilement passer au-dessus de 550 $/tonne.