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Tendances des prix du maïs et du soya au Québec - Septembre 2025
Les informations publiées proviennent de sources réputées fiables. L’analyse est basée sur les informations disponibles et elle doit être utilisée à titre indicatif seulement. Les Producteurs de grains du Québec ne peuvent être tenus responsables d’éventuelles erreurs. Les opinions émises n'engagent pas la responsabilité des Producteurs de grains du Québec quant aux décisions des lecteurs.
► 23 septembre 2025
Bourse | 21 août 2025 | 22 septembre 2025 | Variation ($) | Variation (%) |
|---|---|---|---|---|
| Contrat maïs décembre 2025 ($ US/bu) | 4,1175 | 4,2175 | 0,10 | 2,4 |
| Contrat soya novembre 2025 ($ US/bu) | 10,56 | 10,11 | -0,45 | -4,3 |
| Prix du soya/Prix du maïs | 2,56 | 2,40 | ||
| Contrat maïs mai 2026 ($ US/bu) | 4,40 | 4,4850 | 0,085 | 1,9 |
| Contrat soya mai 2026 ($ US/bu) | 10,98 | 10,6050 | -0,375 | -3,4 |
| Prix du soya/Prix du maïs | 2,50 | 2,36 | ||
| Taux de change ($ US / $ CA) | 0,7204 | 0,7263 | 0,0059 | 0,8 |
Marché local (FAB Ferme) | Semaine du 18 août 2025 | Semaine du 15 septembre 2025 |
|---|---|---|
| Maïs - livraison immédiate | ||
| Base $ CA/bu | 3,15 | 2,77 |
| Base $ US/bu | 1,20 | 0,86 |
| Prix $ CA/t | 275 | 276 |
| Maïs - livraison récolte | ||
| Base $ CA/bu | 2,33 | 2,33 |
| Base $ US/bu | 0,53 | 0,53 |
| Prix $ CA/t | 254 | 254 |
| Soya - livraison récolte | ||
| Base $ CA/bu | 3,55 | 3,34 |
| Base $ US/bu | -0,25 | -0,38 |
| Prix $ CA/t | 505 | 504 |
Analyses
Le programme d’exportation du maïs américain est très robuste : les ventes de l’année récolte en cours par rapport à la précédente sont en avance de 68 %. Dans son rapport de septembre l’USDA a augmenté l’estimation des exportations de maïs de 100 millions de boisseaux (Mbu).
Les ventes américaines de soya de l’année récolte en cours par rapport à la précédente accusent un retard de 36 %. La géopolitique est en train mettre la pagaille dans le marché mondial du soya. En raison des négociations commerciales, pour ne pas dire du bras de fer commercial entre les deux pays, les Chinois n’ont pas acheté une tonne de soya américain pour livraison en 2025-2026 : c’est du jamais vu! Normalement la période allant d’août à la fin de l’automne est la fenêtre optimale pour l’approvisionnement chinois aux États-Unis alors que le soya brésilien a été récolté six mois plus tôt et que le battage de la fève démarre chez nos voisins. Les importateurs chinois ne peuvent pas acheter la fève américaine en raison de tarifs douaniers de plus de 20 % et du mot d’ordre politique : ils s’approvisionnent principalement au Brésil, le premier exportateur mondial, et ce même si le soya brésilien leur coûte présentement plus cher que l’américain. Malgré sa production record, le Brésil a du mal à satisfaire toute la demande chinoise. Les importateurs chinois se rabattent donc aussi sur la fève argentine. Normalement, l’Argentine est le premier exportateur mondial de tourteau de soya et exporte relativement peu de fève en raison des taxes à l’exportation. Cette année, avec les importateurs chinois prêts à surenchérir sur le prix, l’Argentine se retrouve à exporter de plus en plus de soya, quitte à rationner les triturateurs locaux - certaines usines de trituration ont dû suspendre leurs activités! Les exportations de soya argentin ont atteint quasiment 9 millions de tonnes (Mt), un niveau inégalé au cours des six dernières années.
L’USDA a haussé de 3 Mt son estimation de la production brésilienne de maïs qui a fini d’être récolté le mois passé, pour la porter à un niveau quasi record de 135 Mt. L’agence gouvernementale du Brésil CONAB estime la récolte à 138 Mt.
L’Argentine a suspendu les taxes sur les exportations de grains jusqu’au 31 octobre alors qu’une crise monétaire affecte le pays. La mesure est destinée à augmenter les exportations de grains à court terme, celles-ci étant l’une des principales sources de devises. Les grains argentins vont être plus compétitifs sur le marché mondial. Le pays est un grand exportateur de maïs, de tourteau de soya et de blé.
Le rapport de l’USDA de septembre a surpris le marché avec l’augmentation des superficies ensemencées du maïs et du soya, mais en bout de ligne il est plutôt neutre pour les deux grains. La superficie du maïs s’accroit de nouveau, cette fois de 1,4 million d’acres mais le rendement baisse de 2,1 bu/acre pour s’établir à 186,7 bu/acre, ce qui demeure un niveau record. La production augmente de 72 Mbu, atteignant un niveau record de 16,8 milliards de boisseaux (Gbu) vs. 14,9 Gbu en 2024. Les inventaires en 2026 baissent très légèrement de 7 Mbu pour s’établir à 2,1 Gbu, comparativement à 1,33 Gbu en 2025.
Pour ce qui est du soya, l’USDA a augmenté la superficie ensemencée de 200 000 acres, tout en abaissant le rendement à 53,5 bu/acre, ce qui demeure un niveau record. La production augmente très légèrement de 9 Mbu pour s’établir à 4,3 Gbu vs. 4,37 Gbu l’an passé. Les inventaires en 2026 augmentent de 10 Mbu pour s’établir à 300 Mbu, comparativement à 330 Mbu en 2025.
Voici les estimations de Statistique Canada de septembre pour le Québec : 3 412 314 tonnes de maïs, avec un rendement de 9,9 t/ha, et 1 279 403 tonnes de soya, avec un rendement de 2,9 t/ha. Par rapport aux estimations du mois passé, Statistique Canada abaisse un peu les deux rendements mais celui du maïs demeure supérieur à la moyenne quinquennale de 9,6 t/ha, alors que le rendement du soya est en dessous de la moyenne de 3,1 t/ha. En d’autres termes, le retard des semis et la sécheresse qui a affecté la majorité du Québec à partir de la mi-juillet auraient plus nuit à la fève qu’au maïs.
En ce qui concerne l’Ontario, les rendements estimés sont très bons, aussi bien pour le maïs que le soya. Par conséquent, la sécheresse qui a frappé l’est de la province semble avoir été plus que compensée par les bonnes conditions dans le sud-ouest, le grenier de l’Ontario. Une production quasi record de maïs de presque 10 Mt est attendue, alors que celle du soya baisse d’environ 382 000 par rapport à l’an passé pour s’établir à 4 Mt en raison d’une réduction de la superficie.
Maïs: Neutre puis baissier
Soya: Haussier
Notre scénario des prix est inchangé : il est neutre puis baissier pour le maïs, et il est haussier pour le soya.
Les bases courantes du maïs, demeurent élevées mais elles ont baissé au cours des dernières semaines. Elles étaient à 0,86 $ US/bu dans la semaine du 15 septembre, contre 1,20 $ US/bu durant la semaine du 18 août. Cela s’explique par la nouvelle récolte qui se rapproche, mais aussi par l’importation du maïs américain. Nous ne disposons pas de données mais il ne fait aucun doute que des quantités substantielles de maïs américain rentrent au Québec. Le contexte global du maïs demeure négatif : une production quasi record au Brésil est suivie par une récolte record assurée aux États-Unis. Certes les exportations américaines sont excellentes mais c’est en bonne partie un devancement de la demande : lorsque le contrat à terme est tombé en dessous de 4 $/bu et que le maïs américain était le moins cher sur le marché mondial, les acheteurs se sont précipités pour en profiter.
Si Statistique Canada a raison et que notre rendement du maïs est de 9,9 t/ha avec une production de 3,4 Mt, ce serait une récolte correcte pour satisfaire la demande locale et exporter un peu. On aura l’estimation finale de la récolte en décembre mais ce serait surprenant que celle-ci ne baisse pas par rapport à l’estimation courante. En effet, il est difficile de croire qu’on aurait un rendement supérieur à la moyenne avec des semis très tardifs et la sécheresse à partir de la mi-juillet. Si on finit avec un rendement égal à la moyenne de 9,6 t/ha, et donc avec une production de 3,3 Mt, les exportations chuteront et les importations augmenteront.
Le bras de fer commercial sino-américain et l’arrêt complet des importations chinoises de soya américain a un impact majeur sur le commerce mondial du soya et la Bourse de Chicago. Dès que les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine débloqueront, la Chine se remettra à acheter massivement du soya américain, ce qui amènera un rebond boursier. Personne ne peut prévoir la date du déblocage mais on s’en rapproche. Et avec toute la fève brésilienne allant en Chine, les autres importateurs n’ont d’autre choix que de s’approvisionner aux États-Unis, et ce même si d’autres exportateurs mineurs augmentent leurs ventes.