Producteurs de grains du Québec : PGQ
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Livraisons des stocks

Les ventes de grains rapportées par les acheteurs grâce aux contributions prélevées par le plan conjoint.

Le rapport a été mis à jour le 23 octobre.

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Commercialiser son soya à l’aveuglette

Commercialiser son soya à l’aveuglette

De temps à autre, au gré des besoins et de l’actualité, un éditorial est rédigé sur un sujet touchant la commercialisation des grains. Cet éditorial reflètera une opinion personnelle qui n'est pas nécessairement représentative de la position officielle des Producteurs de grains du Québec (PGQ).

- Ramzy Yelda, analyste principal des marchés des Producteurs de grains du Québec (PGQ)

La commercialisation du soya GM au Québec suit habituellement une routine bien établie. C’est un grain destiné en grande partie à l’exportation, et les mois d’octobre et de novembre sont très propices pour cela. Du point de vue de la logistique, la nouvelle récolte de grains de l’Ouest canadien n’est pas encore en position dans le Saint-Laurent et les ports peuvent donc mettre l’accent sur la manutention du soya. Du point de vue commercial, le Brésil est moins présent sur le marché mondial : l’ancienne récolte est déjà vendue, les producteurs brésiliens sèment présentement leur soya et le battage débutera au plus tôt au début de janvier. Pour le Québec, cette situation fait l’affaire des deux parties : le producteur peut livrer son soya au battage, pour ensuite entreposer une bonne partie de son maïs; l’industrie est en mesure de commercialiser la fève sur le marché international à un moment propice. Cela se reflète dans les statistiques compilées par les PGQ : les livraisons des stocks montrent que près de 60 % de la production de soya est écoulée en octobre et novembre.

Cette année est inhabituelle à deux égards. D’une part, le marché mondial du soya est carrément mené par la guerre commerciale faisant rage entre la Chine et les États-Unis. La Chine, le premier importateur mondial, a institué des tarifs douaniers élevés sur la fève américaine et n’a pas acheté une tonne de soya américain en 2025-2026 : du jamais vu! D’autre part, en raison du shutdown à Washington et de l’arrêt des opérations de l’USDA, le marché ne dispose plus d’une information extrêmement importante : les ventes américaines à l’exportation.

Les producteurs agricoles du Québec doivent donc naviguer dans la brume totale. En raison du manque d’information émanant de l’USDA, nous n’avons pas rédigé les Tendances des prix ce mois-ci, mais dans les dernières Tendances publiées le 23 septembre, nous étions haussiers pour le soya : « Dès que les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine débloqueront, la Chine se remettra à acheter massivement du soya américain, ce qui amènera un rebond boursier. Personne ne peut prévoir la date du déblocage, mais on s’en rapproche. » Aux dernières nouvelles, ce déblocage commercial semble être sur le point de se concrétiser, et le soya a entamé un rebond à la Bourse de Chicago.

Personne n’a une boule de cristal, mais avec toutes ces incertitudes, les producteurs québécois ont plus que jamais besoin de conseils. Si vous n’avez pas encore commercialisé votre nouvelle récolte de soya ou si vous avez peu vendu (moins du tiers de votre production), vendez ou continuez à vendre progressivement et profitez des prix à la hausse. Si vous avez déjà fermé des prix pour une grande partie de votre soya (les deux-tiers ou les trois-quarts de votre production), c’est le temps de prendre une pause. Le prix du soya FAB ferme pourrait fort bien se rapprocher des 600 $ la tonne au cours des prochaines semaines, voire dépasser ce seuil.