Producteurs de grains du Québec : PGQ
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L'économie chinoise va de plus en plus mal

De temps à autre, au gré des besoins et de l’actualité, un éditorial est rédigé sur un sujet touchant la commercialisation des grains. Cet éditorial reflètera une opinion personnelle qui n'est pas nécessairement représentative de la position officielle des Producteurs de grains du Québec (PGQ).

L'économie chinoise va de plus en plus mal

Par : Ramzy Yelda, analyste principal des marchés, Producteurs de grains du Québec

La Chine a connu un essor économique et technologique phénoménal au cours des trois dernières décennies. À la base de ce succès, une politique économique initiée dans les années 1980 sous le leader Deng Xiaoping qui encourageait le secteur privé avec l’aide étatique, et qui bénéficiait du libre-échange dans les échanges mondiaux. Le parti communiste chinois gardait le pouvoir politique absolu mais encourageait la prospérité économique : devenir riche était bien vu. Le pouvoir d’achat s’est accru considérablement, et la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale (et le premier importateur mondial de grains).

Ce succès époustouflant est en train d’être torpillé par Xi Jinping. À la tête du pays depuis 2013, il a réellement consolidé son pouvoir au cours des dernières années, devenant de facto Président à vie. Obsédé par le contrôle politique et ne comprenant rien à l’économique, Xi a mis en vigueur des programmes et des mesures de plus en plus contraignants pour le secteur privé. Devenir riche est devenu dangereux : plusieurs milliardaires ont été emprisonnés. Le régime ne tolère plus la moindre critique - un grand économiste chinois, Zhu Hengpeng, a été arrêté. Le crime de Zhu? Il a osé critiquer dans un groupe de discussion privé les politiques économiques de Xi Jinping.

Par ailleurs, la politique étrangère de plus en plus agressive de Xi a entrainé une riposte des États-Unis sous M. Trump qui a institué une multitude de tarifs douaniers; cette politique a été reprise et amplifiée sous M. Biden. Le libre-échange mondial, un des piliers du succès économique chinois, est chose du passé.

La Chine, tout comme les pays occidentaux, a été mise à mal par la Covid. La différence est que les autres économies se sont remarquablement redressées depuis 2022, alors que l’économie chinoise ralentit de plus en plus, plombée par une crise immobilière sans précédent. Le chômage, qui avait disparu en Chine depuis les années 2000, est revenu en force : le taux de chômage des jeunes atteindrait 19 % selon les statistiques officielles, mais en réalité dépasserait le seuil des 25 %.

Officiellement, l’économie chinoise continue de croitre mais à un rythme moindre. On peut en douter : la demande de pétrole de la Chine, un baromètre indéniable de l’activité du pays, a baissé cette année! Le ralentissement économique en Chine a des répercussions mondiales vu l’influence prépondérante des consommateurs chinois sur une multitude de produits. Les firmes automobiles allemandes et l’industrie de luxe française, pour ne citer que deux exemples, annoncent des profits en baisse en raison d’une diminution de la demande chinoise.

L’économie chinoise ne va pas tomber du jour au lendemain mais Xi est en train d’asphyxier la poule aux œufs d’or : va-t-il réussir à la tuer?