Par : Ramzy Yelda, analyste principal des marchés, Producteurs de grains du Québec
Le mois passé un article est paru évoquant un prix du maïs à 230 $ la tonne pour la récolte. Ce prix a semé l’émoi chez les producteurs agricoles. Le pessimisme était basé sur une demande locale du maïs affaiblie par la restructuration de l’industrie porcine, combinée à de bonnes récoltes au Québec et aux États-Unis. Un mois plus tard, nous disposons de nouveaux éléments d’information qui nous portent à croire qu’un tel pessimisme n’est plus justifié. En effet, les derniers chiffres de Statistique Canada changent la donne locale.
D’abord, le Québec a exporté nettement plus de maïs en 2022-2023 que ce que l’on pensait. Les exportations ont atteint un niveau très élevé de 908 000 tonnes. La demande de l’Europe, propulsée par leur mauvaise récolte l’an passé, est arrivée au bon moment.
Ensuite, la demande locale de maïs a été plus élevée que prévu en 2022-2023: elle est estimée à 2,95 millions de tonnes (Mt), comparativement à 3,08 Mt l’année précédente. L’impact de la restructuration de l’industrie porcine ne s’est pas fait sentir en 2022-2023.
Le résultat est que les stocks de maïs en 2023 sont très serrés avec 336 000 tonnes. Et cela est corroboré par le marché puisque le prix du maïs de l’ancienne récolte s’est nettement redressé au cours des dernières semaines. On a (presque) manqué de maïs!
Le rendement du maïs projeté par Statistique Canada est assez modeste avec 9,5 t/ha, d’où une récolte de 3,44 Mt, un niveau de production relativement bas.
Les PGQ prévoient que la demande du maïs va chuter de 278 000 tonnes cette année, soit une baisse plus de 9 % reflétant le plein impact de la restructuration du secteur porcin. Les exportations sont projetées diminuer de 24 % pour s’établir à 687 000 tonnes. Malgré cela, la situation de l’offre et de la demande du maïs demeurera assez serrée en 2023-2024 : les inventaires remonteront à un niveau assez modeste de 475 000 tonnes en 2024.
Le portrait de l’offre et de la demande du maïs au Québec s’est amélioré. Est-ce qu’il est devenu haussier? Non, mais il devient plus équilibré. Par conséquent, on n’a plus de raison de croire que le prix du maïs pourrait dégringoler à 230 $ la tonne.
